HÉROÏNE

HÉROÏNE
HÉROÏNE

HÉROÏNE

Dérivé diacétylé de la morphine, synthétisé en 1898 par le chimiste allemand Dreiser, l’héroïne est utilisée, dès sa découverte, comme analgésique principal dans les cas de tuberculoses incurables. C’est cet usage qui a fait d’abord la renommée de l’héroïne, mais on découvrira par la suite qu’elle permet aussi la désintoxication apparente des morphinomanes. En fait, une intoxication en remplace une autre et les morphinomanes deviennent rapidement des héroïnomanes endurcis, et l’héroïne supplante rapidement la morphine et la cocaïne.

Drogue "dure" par excellence, le "cheval" (ou la "schnouff") ne possède aucune vertu hallucinogène: elle procure immédiatement après l’injection un vertige brutal et violent, le "flash", souvent comparé à un orgasme généralisé, suivi d’une satisfaction douloureuse de tout le corps, accompagnée d’impulsions violentes. Comme tous les dérivés de l’opium, l’héroïne induit une dépendance psychique et physique intense: dès que l’héroïne cesse d’agir, une grande angoisse respiratoire se manifeste, suivie de vomissement, de fortes transpirations et parfois d’une sensation d’étouffement qui peuvent mener jusqu’au collapsus.

Quoique le mécanisme métabolique d’accoutumance au toxique demeure encore inconnu, tout se passe comme si celui-ci était devenu un aliment indispensable au nouvel équilibre établi par l’intoxication. (Si générale est la modification métabolique que la paroi placentaire n’isole pas le fœtus des effets de la drogue, et c’est ainsi qu’on a pu observer à l’accouchement de femmes héroïnomanes, de véritables crises de sevrage de la part des nouveau-nés.) Cette crise de sevrage a rendu longtemps indispensable l’usage de la drogue elle-même durant la cure de désintoxication, le but de celle-ci consistant à diminuer progressivement les doses jusqu’à la cessation complète. On préfère désormais employer des médicaments de structure biochimique voisine, mais non intoxicants, tels que la nalorphine et la méthadone; ce dernier produit est massivement employé aux États-Unis et, quoiqu’il ne parvienne qu’à substituer une dépendance médicamenteuse à une dépendance toxique, on peut estimer qu’il permet d’aboutir à une véritable "récupération" des intoxiqués. Il faut ajouter à cela que les guérisons définitives sont rares (15 p. 100 et 20 p. 100 des cas) tant qu’aucune thérapie psychique n’est associée à la désintoxication.

L’héroïne était produite, jusqu’en 1970 environ, dans la région marseillaise et en Italie, où aboutissait la morphine base en provenance du Liban, de Syrie et d’autres pays du Moyen-Orient. Une fois transformée, la drogue était acheminée vers les États-Unis, soit à partir de la France, soit à partir de l’Italie et surtout de la Sicile; une très faible quantité d’héroïne était consommée sur place, en France ou en Italie. Depuis 1970, une part croissante de la production clandestine d’héroïne est écoulée en Europe, où le nombre des intoxiqués a généralement quintuplé. Aux États-Unis, on estime le nombre global des héroïnomanes voisin de 300 000 individus, la plupart de sexe masculin. Les risques d’overdose sont tels qu’on estime que la mortalité moyenne pour cette raison est de 2 pour 50. Il faut ajouter encore les risques d’abcès aux points d’injection, les hépatites à virus, lot commun des héroïnomanes, et les endocardites mortelles fréquentes qui assombrissent encore le tableau de cette toxicomanie.

1. héroïne [ erɔin ] n. f.
• 1540; lat. heroïne, du gr.
1Femme d'un grand courage, qui fait preuve par sa conduite, en des circonstances exceptionnelles, d'une force d'âme au-dessus du commun. héros. Jeanne d'Arc, héroïne nationale française. Mourir en héroïne.
2 Principal personnage féminin (d'une œuvre littéraire, cinématographique). L'héroïne d'un roman. Héroïne cornélienne.
Principal personnage féminin d'une aventure, d'un événement réel. L'héroïne d'un fait divers. L'héroïne du jour. « Elle était une héroïne de cour d'assises » (Bloy).
héroïne 2. héroïne [ erɔin ] n. f.
• 1903; all. Heroin, du gr. hêros « héros », par allus. aux effets exaltants de ce produit
1Chim. Diacétylmorphine.
2Cour. Médicament et stupéfiant extrait de cet ester, poudre blanche cristalline, très toxique. blanche (III). L'héroïne est une drogue dure. Trafiquants d'héroïne. Abrév. fam. (1960) HÉRO [ ero ]. Se piquer à l'héro.

héroïne nom féminin (allemand Heroin) Produit de synthèse obtenu à partir de la morphine (elle-même dérivée de l'opium) et utilisé comme stupéfiant. ● héros, héroïne nom Personne qui se distingue par sa bravoure, ses mérites exceptionnels, etc. : Des soldats morts en héros. Principal personnage d'une œuvre littéraire, dramatique, cinématographique : Les héroïnes de Racine. Personne à qui est arrivée une aventure, qui a joué le principal rôle dans une certaine situation. ● héros, héroïne (citations) nom Maurice Blanchot Quain, Saône-et-Loire, 1907 L'art nous offre des énigmes, mais par bonheur aucun héros. Le Livre à venir Gallimard Nicolas Boileau, dit Boileau-Despréaux Paris 1636-Paris 1711 On peut être héros sans ravager la terre. Épîtres Paul Claudel Villeneuve-sur-Fère, Aisne, 1868-Paris 1955 Les gens ne sont des héros que quand ils ne peuvent pas faire autrement. Journal Gallimard Prosper Jolyot de Crais-Billon, dit Crébillon fils Paris 1707-Paris 1777 […] S'il est vrai qu'il y ait peu de héros pour les gens qui les voient de près, je puis dire aussi qu'il y a, pour leur sopha, bien peu de femmes vertueuses. Le Sopha Alphonse Daudet Nîmes 1840-Paris 1897 Où serait le mérite, si les héros n'avaient jamais peur ? Tartarin de Tarascon Flammarion Gustave Flaubert Rouen 1821-Croisset, près de Rouen, 1880 Académie française, 1880 Les héros ne sentent pas bon ! L'Éducation sentimentale Bernard Le Bovier de Fontenelle Rouen 1657-Paris 1757 On se lasse d'être héros et on ne se lasse pas d'être riche. Lettres galantes du chevalier d'Her… Charles de Gaulle Lille 1890-Colombey-les-Deux-Églises 1970 […] L'homme de caractère confère à l'action la noblesse ; sans lui morne tâche d'esclave, grâce à lui jeu divin du héros. Le Fil de l'épée Plon Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Mon père, ce héros au sourire si doux, […] Parcourait à cheval, le soir d'une bataille, Le champ couvert de morts sur qui tombait la nuit. La Légende des siècles, Après la bataille Max Jacob Quimper 1876-Drancy 1944 Pour se venger de l'écrivain qui leur a donné la vie, les héros qu'il a créés lui cachent son porte-plume. Le Cornet à dés Gallimard François, duc de La Rochefoucauld Paris 1613-Paris 1680 Il y a des héros en mal comme en bien. Maximes André Malraux Paris 1901-Créteil 1976 Le tombeau des héros est le cœur des vivants. Oraisons Funèbres, Jeanne d'Arc Gallimard Jules Renard Châlons, Mayenne, 1864-Paris 1910 Il est plus difficile d'être un honnête homme huit jours qu'un héros un quart d'heure. Journal, 17 juillet 1906 Gallimard Romain Rolland Clamecy 1866-Vézelay 1944 Un héros, c'est celui qui fait ce qu'il peut. Jean-Christophe, l'Adolescent Albin Michel Jean Rostand Paris 1894-Ville-d'Avray 1977 Académie française, 1959 Ce héros est peut-être bien coupable de n'être pas allé plus haut dans la vertu, ce scélérat bien méritant de n'être pas allé plus bas dans le crime. Pensées d'un biologiste Stock François Marie Arouet, dit Voltaire Paris 1694-Paris 1778 Il a porté toutes les vertus des héros à un excès où elles sont aussi dangereuses que les vices opposés. Histoire de Charles XII Charles XII Ralph Waldo Emerson Boston 1803-Concord, Massachusetts, 1882 Tout héros finit dans la peau d'un raseur. Every hero becomes a bore at last. Essays, Uses of Great Men Mao Zedong, Mao Tsö-tong ou Mao Tsé-toung Shaoshan, Hunan, 1893-Pékin 1976 Les masses sont les véritables héros. Citations du président Mao Tsé-Toung, XI Filippo Pananti Ronta, Borgo San Lorenzo, 1766-Florence 1837 Quel fatal présent au monde qu'un héros ! Che fatal presente al mondo un eroe ! Aventures et observations, I héros, héroïne (difficultés) nom Sens Ne pas confondre ces deux mots de prononciation identique. 1. Héraut = annonciateur. 2. Héros = personne exceptionnellement courageuse ; personnage d'une œuvre de fiction. → héros Prononciation Le h de héros est aspiré : le héros d'un roman. En revanche, celui des autres mots de la même famille (héroïne, héroïque, héroïquement, héroïsme) est muet : l'héroïne de l'histoire. Sens Héros / hérauthérauthéros, héroïne (expressions) nom Le héros, l'héroïne de la fête, du jour, personne qui est le centre d'intérêt, la vedette.

héroïne
n. f.
d1./d Femme douée d'un courage hors du commun, de vertus exceptionnelles.
d2./d Femme qui tient le rôle principal dans l'action d'une oeuvre littéraire, dramatique ou cinématographique. L'héroïne d'un roman.
Par ext. L'héroïne de cette affaire, celle qu'elle concerne.
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héroïne
n. f. Stupéfiant dérivé de la morphine (diacétyl-morphine), qui se présente sous forme de poudre blanche. Puissant analgésique, l'héroïne est une drogue plus active mais surtout plus toxique que la morphine.

I.
HÉROS, HÉROÏNE1, subst.
I. — Héros, subst. masc.
A. — MYTH. Être fabuleux, la plupart du temps d'origine mi-divine, mi-humaine, divinisé après sa mort. Synon. demi-dieu. Des hymnes, des traditions sacrées (...) rappelaient à tous les Grecs les hauts faits du héros de Tirynthe, du fameux fils de Jupiter et d'Alcmène, (...) le grand Hercule, le héros des douze travaux, celui-là même à qui les Grecs attribuaient tant d'actions merveilleuses, et qu'ils honoraient sous les formes d'un héros, vêtu de la peau du lion et armé de la massue (DUPUIS, Orig. cultes, 1796, p. 121). Mes guides m'entraînent vers les sculptures du temple de Thésée (...). Si le héros divinisé, plane du haut de l'Olympe immobile, les autres personnages — simples mortels — ont les mouvements les plus animés (MICHELET, Chemins Europe, 1874, p. 181) :
1. Puis, les monstres sortirent avec tumulte de son sein [de la terre], et un peu plus tard les héros. Nul n'ignore que le dernier de ces races évanouies, instruit sur le penchant des collines de Thessalie, naquit de Thétis blanchissante. Ce demi-dieu n'oubliait pas de venir implorer dans les difficultés la déesse dont il avait hérité le courage...
MAURRAS, Chemin Paradis, 1894, p. 204.
B. — Personnage légendaire auquel la tradition attribue des exploits prodigieux. Les étudiants de Gœttingue qui étaient là, pensaient aux héros des Niebelungen, aux personnages des légendes du Rhin (PÉLADAN, Vice supr., 1884, p. 155). Les légendes irlandaises aiment à opposer Ossian, chantant les héros, les guerres, les chasses magnifiques, etc., à saint Patrice et à son troupeau psalmodiant (RENAN, Avenir sc., 1890, p. 520). La longue épopée des héros d'autrefois, contée en d'innombrables chansons de geste (FARAL, Vie temps st Louis, 1942, p. 114).
II. — Héros, héroïne1, subst.
A. — 1. Homme, femme qui incarne dans un certain système de valeurs un idéal de force d'âme et d'élévation morale. Il admirait de loin l'ascète ou le héros, tous ceux dont la grandeur ou le sublime éveillait en lui une sourde résonance vaguement douloureuse (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 139). Non, dit-il, des pacifistes, ce sont des héros. Ce sont des gens qui sacrifient leurs intérêts à une idée qu'ils ont dans la tête (ROY, Bonheur occas., 1945, p. 56) :
2. Chez cette silencieuse, si frêle, déjà l'héroïne se réveillait. Elle ne craignait rien, elle avait une âme ferme, invincible. Dans sa douleur, elle ne songeait plus qu'à ravoir le corps de son mari, pour l'ensevelir.
ZOLA, Débâcle, 1892, p. 367.
En partic.
Homme, femme qui fait preuve, dans certaines circonstances, d'une grande abnégation :
3. Les héros de la science sont ceux qui, capables des vues les plus élevées, ont pu se défendre toute pensée philosophique anticipée, et se résigner à n'être que d'humbles monographes, quand tous les instincts de leur nature les eussent portés à voler aux hauts sommets.
RENAN, Avenir sc., 1890, p. 235.
Combattant(e) remarquable par sa bravoure et son sens du sacrifice. Glorieux, vaillant héros; héros de la Grande Armée, de la Révolution; héroïnes de la Résistance; mourir, se comporter en héros. J'eus l'idée d'une très originale thèse de doctorat. Il s'agissait d'établir un parallèle entre l'héroïne berbère du VIIe siècle, qui lutta contre l'envahisseur arabe, la Kahena, et l'héroïne française qui lutta contre l'envahisseur anglais, Jeanne d'Arc (BENOIT, Atlant., 1919, p. 141). Resté seul avec une poignée de fidèles, il se défendit en héros (GROUSSET, Croisades, 1939, p. 4). Je ne mets en scène ni les maquisards ni les saboteurs des usines (entre autres exemples), qui furent parmi les plus purs et les plus désintéressés héros de la Résistance (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 5).
P. appos. À la vigueur rapide dont ils étaient servis, à la mobilité parfaite dont les bataillons les facilitaient en s'ouvrant et se refermant, on eût pu reconnaître non seulement le peuple héros, mais le peuple militaire (MICHELET, Hist. de la Révol. fr., Paris, Gallimard, t. 2, 1952 [1853], p. 608).
Loc. [Avec le subst. masc.]
Loc. proverbiale. Il n'y a point de héros pour son valet de chambre. Les proches des grands hommes, sont souvent témoins de leurs faiblesses et de leurs défauts. (Ds LITTRÉ, DG, ROB.).
Être le héros de qqn (fam.). Incarner toutes les vertus aux yeux de quelqu'un; être l'objet d'une admiration excessive de la part de quelqu'un. Vous êtes son héros. C'est son héros, il ne cesse de le vanter (Ac. 1835-1935).
2. P. ext.
a) Homme, femme qui porte un trait de caractère à son plus haut degré. Synon. champion (fam.), modèle, parangon de (qqc.). C'est un héros de sagesse, de désintéressement, de constance (Ac. 1835-1935). Ayant à écrire sur Napoléon, je voudrais pouvoir montrer parfaitement cette misère des contemporains du plus grand des hommes, qui eussent dû, à défaut de compréhension supérieure, être des héros de dévouement et d'obéissance, des héros d'admiration (BLOY, Journal, 1903, p. 180).
b) [Avec une intention plais.] Homme, femme qui se distingue dans une activité particulière. On m'accabla de félicitations. Je devins le héros de l'enquête, le champion du travail national (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 239). Elle était, au su de l'univers, une héroïne de l'épargne (DUHAMEL, Notaire Havre, 1933, p. 113).
En partic.
Héros de la fête. Celui en l'honneur de qui la fête est donnée; celui qui y brille. Le suisse et le bedeau se trouvèrent à leur poste, et furent moins étonnés de la magnificence du pourboire en apprenant que le héros de la fête était un marchand de vin (JOUY, Hermite, t. 2, 1812, p. 288).
Héros du jour. Celui qui se trouve sous les feux de l'actualité, qui fait momentanément l'objet de l'attention, de la considération générales. Tout a été dit sur le travail long, inspiré du véritable héros du jour, ce peintre (MALLARMÉ, Dern. mode, 1874, p. 735).
B. — 1. Principal personnage masculin ou féminin d'une œuvre artistique. Héros, héroïne d'un conte, d'un film, d'une pièce de théâtre. Les rêves de modistes parfumées au musc s'attachant à tous les héros des romans d'aventures (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Soir, 1889, p. 1141). Dans Adrienne Mesurat, l'héroïne fait tomber son père dans l'escalier, où elle passe ensuite une partie de la nuit (GREEN, Journal, 1933, p. 137) :
4. Les trois héros [de Volupté, Mademoiselle de Maupin, Le Rouge et le Noir] en sont presque surhumains : le premier, Amaury, par son inépuisable effusion mystique; le second, d'Albert, par son infatigable élan vers le Beau; le troisième, Julien, par l'intarissable jet de sa volonté.
BOURGET, Essais psychol., 1883, p. 104.
Au fig., fam. Héros, héroïne de roman. Homme, femme auxquels arrivent des aventures extraordinaires qui semblent sorties de l'imagination d'un romancier. — Christian (...) : Il me faudrait de l'éloquence! — Cyrano (...) : Je t'en prête! Toi, du charme physique et vainqueur, prête-m'en : Et faisons à nous deux un héros de roman! (ROSTAND, Cyrano, 1898, II, 10, p. 102).
En partic. [Suivi d'un déterm.] Personnage masculin ou féminin propre à un auteur, p. ext., à un genre, à une époque. Héros cornélien; héroïnes balzaciennes, le héros romantique. Tous les héros de Dostoïevsky s'interrogent sur le sens de la vie. C'est en cela qu'ils sont modernes (CAMUS, Sisyphe, 1942, p. 142). V. brave ex. 12.
2. Homme, femme, qui joue le rôle principal (dans un événement). Héros, héroïne de l'aventure; héros, héroïne d'un fait divers. Vous souvenez-vous d'un fait divers qu'on a lu dans les journaux (...), l'histoire du club des suicidées? (...) Je pourrais vous réciter les noms des héroïnes de cette anecdote (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 320). Ces collégiens ignorent tout du père Ébé en dehors de sa classe, de son trajet quotidien entre son domicile et le lycée (...). Ils en font le héros de toutes les aventures possibles (THIBAUDET, Réfl. litt., 1936, p. 169). Toute une société desséchée par l'intelligence, avait besoin de recommencer à croire à l'amour, et (...) cet homme déjà vieillissant et qu'on n'avait jamais aimé (...) devint le héros de ce retour à la fidélité et à l'amour (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1952, p. 71).
Prononc. : [] init. asp., [] init. non asp. Homon. héraut, héroïne (méd.). Au masc., aspiration non étymol. pour empêcher la liaison et éviter le calembour : les héros/les zéros. L'aspiration remonte à l'apparition du mot zéro dans la lang. (XVe s.). Elle n'a pas lieu d'exister dans les autres mots de la famille. Étymol. et Hist. I. 1. 1372-74 mythol. heroes (ORESME, Politiques, éd. A. D. Menut, p. 372a); 2. 1555 herôs « homme de grande valeur, digne d'estime » (RONSARD, Hymnes, Prière à la Fortune, éd. P. Laumonier, t. 8, p. 109, 157); 3. 1651 « personnage principal dans une œuvre littéraire » (SCARRON, Roman Comique, éd. E. Magne, p. 12). II. 1. 1554 « femme qui est le principal personnage dans une œuvre littéraire » (RONSARD, Bocage, t. 6, p. 28, 23); 2. 1578 « femme qui s'est distinguée par une action d'éclat (ici cont. mythol.) » (ID., Sonnets pour Hélène, 47, t. 17, p. 237, 23). I empr. au lat. heros « demi-dieu » et « homme de grande valeur », du gr. « demi-dieu », « tout homme élevé au rang de demi-dieu ». II empr. au lat. , heroina « demi-déesse, héroïne », du gr. « id. ».
STAT. — Fréq. abs. littér. Héros : 4 657. Héroïne : 495. Fréq. rel. littér. Héros : XIXe s. : a) 8 730, b) 5 818; XXe s. : a) 5 505, b) 5 926. Héroïne : XIXe s. : a) 662, b) 563; XXe s. : a) 728, b) 799.
BBG. — BONNAUD-LAMOTTE (D.). Contribution des programmes informat. de dép. et d'analyse à la lexicol. de la crit. littér. marxiste. Trav. Lexicom. Lexicol. pol. 1977, n° 2, p. 37. - DELB. Matér. 1880, p. 164. - HAMON (P.). Analyse du récit. Fr. mod. 1974, t. 42, p. 144.
II.
⇒HÉROÏNE2, subst. fém.
Stupéfiant dérivé de la morphine et doté de fortes propriétés analgésiques et euphorisantes. La malade qui était calmée par l'héroïne (...) guérit au bout de 2 mois (LONDE ds Nouv. Traité Méd., fasc. 2, 1928, p. 571). Un minuscule paquet de cocaïne, d'héroïne, de morphine, une saleté de poudre quelconque (BERNANOS, Journal curé camp., 1936, p. 1045) :
Roger vient de mourir du tétanos; faute d'assez d'argent pour acheter de l'héroïne au prix qu'elle coûte maintenant, il se faisait des piqûres de laudanum, tous les intoxiqués finissent, depuis la guerre, par mourir du tétanos; à quinze ans Roger prophétisait que dès qu'il le pourrait il se suiciderait lentement en prenant des drogues...
VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 15.
Prononc. et Orth. : []. Homon. et homogr. héroïne1 (fém. de héros). Étymol. et Hist. 1903 (Nouv. Lar. ill., s.v. morphine). Prob. empr. à l'all. Heroin de même sens, cette substance ayant été mise au point en Allemagne (cf. NED Suppl. ex. 1898); le mot. all. a été créé à partir du gr. (v. héros) en raison de l'exaltation que produit cette drogue sur le sujet qui l'utilise.

1. héroïne [eʀɔin] n. f.
ÉTYM. 1540; du lat. heroine, grec hêrôinê, fém. de hêrôs. → Héros.
1 Femme d'un grand courage, qui fait preuve par sa conduite, en des circonstances exceptionnelles, d'une force d'âme au-dessus du commun. Héros; → Encontre, cit. 1. || Une héroïne légendaire (→ Ballet, cit. 4). || Sainte Blandine, héroïne chrétienne, vierge et martyre. || Jeanne d'Arc, héroïne nationale. || Charlotte Corday, héroïne de la Révolution. || Louise de Bettignies, héroïne française. || Edith Cavell, héroïne anglaise de la Grande Guerre. || Mourir en héroïne, comme une héroïne (→ Carcasse, cit. 4).
1 Élevé dans le sein d'une chaste héroïne,
Je n'ai point de son sang démenti l'origine.
Racine, Phèdre, IV, 2.
2 Elle (Anne de Gonzague) fut l'amie de Condé, l'une des héroïnes de la Fronde (…)
Émile Henriot, Portraits de femmes, p. 90.
3 La captivité de Jeanne d'Arc n'avait pas éteint l'ardeur combative née des épiques succès de l'héroïne.
Pierre Gaxotte, Hist. des Français, t. I, p. 409.
Vieilli. Femme supérieure.Ironiquement :
4 Héroïnes du temps, Mesdames les savantes,
Pousseuses de tendresse et de beaux sentiments (…)
Molière, l'École des femmes, I, 3.
2 (1669). Principal personnage féminin (d'une œuvre littéraire, dramatique, cinématographique). || Madame Bovary, héroïne de Flaubert. || Héroïne cornélienne, racinienne (→ Corps, cit. 35). || La femme adultère (cit. 1), héroïne de nombreux romans. || Héroïne de roman-feuilleton. || L'héroïne d'un film.
5 Notre héroïne, qui commençait à s'accoutumer aux aventures extraordinaires (…)
La Fontaine, Psyché, I.
6 Ces héros et ces héroïnes que le véritable romancier met au monde et qu'il n'a pas copiés d'après des modèles rencontrés dans la vie sont des êtres que leur inventeur pourrait se flatter d'avoir tirés tout entiers du néant par sa puissance créatrice, s'il n'y avait, tout de même, autour de lui (…) des personnes qui croient se reconnaître dans ces êtres que le romancier se flattait d'avoir créés de toutes pièces.
F. Mauriac, le Romancier et ses personnages, p. 98.
3 (1866). Principal personnage féminin (d'une aventure, d'un événement réel). Protagoniste. || L'héroïne, la triste héroïne d'un fait divers.
7 Elle était une héroïne de cour d'assises (…)
Léon Bloy, la Femme pauvre, p. 192.
8 Hélène de Racowitza (…) fut aussi l'héroïne sanglante d'un drame qui devait longtemps plonger dans le deuil le parti socialiste allemand, dont le chef se tua pour elle.
Émile Henriot, Portraits de femmes, p. 420.
HOM. 2. Héroïne.
————————
2. héroïne [eʀɔin] n. f.
ÉTYM. 1903, Nouveau Larousse illustré, art. Morphine; all. Heroin, 1898, du grec hêrôs, par anal. entre la fougue du héros et l'exubérance provoquée par la drogue.
1 Chim. Ester diacétique de la morphine.
2 Cour. Médicament et stupéfiant, tiré de cet ester, poudre blanche cristalline, très toxique. || L'héroïne, employée comme calmant (surtout dans la crise d'asthme) et antithermique (sous forme de chlorhydrate d'héroïne). || Toxicomane qui use de l'héroïne Héroïnomane; et aussi merde (III.) argot. → La blanche. || Mélange d'héroïne non raffinée et d'opiacés. (anglic.) Brown sugar. || Se piquer à l'héroïne.
1 (…) les pilules d'héroïne avaient remplacé, en Extrême-Orient, les boulettes d'opium dans la pipe du fumeur pauvre. Par ailleurs, la poudre d'héroïne se prisait aisément (…) On assista dans le bassin méditerranéen, de 1935 à 1939, à une invasion systématique de l'héroïne (…) En Tunisie (…) sur deux cents entrants à l'asile de la Manouba, il y eut cinquante-deux héroïnomanes.
A. Porot, les Toxicomanies, p. 45-46.
2 Il avait découvert l'héroïne dont il avait été surpris et séduit. Au fond, il avait cru quelque temps au paradis sur la terre.
Drieu La Rochelle, le Feu follet, p. 44.
tableau Noms de remèdes.
(1960, in D. D. L.). Abrév. fam. : héro [eʀo]. || « Il l'avait vue dégringoler, en six mois elle avait pris dix ans d'âge, mais on a beau engueuler une junkie, lui péter ses seringues d'un talon rageur, la fatalité de l'héro est plus forte » (Actuel, déc. 1983, no 50, p. 62).
DÉR. Héroïnomane.
HOM. 1. Héroïne.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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  • heroine — [her′ō in] n. [L heroina < Gr hērōinē, fem. of hērōs, HERO] 1. a girl or woman of outstanding courage, nobility, etc., or of heroic achievements 2. the central female character in a novel, play, etc., with whom the reader or audience is… …   English World dictionary

  • Heroīne — Heroīne, 1) ausgezeichnete Frau aus dem mythischen Alterthume. 2) Heldin, ein Weib, das groß u. edel denkend ihre Gesinnungen durch ausgezeichnete Thaten kund thut; vgl. Heros …   Pierer's Universal-Lexikon

  • Heroīne — Heroīne, weiblicher Heros, Heldenweib …   Meyers Großes Konversations-Lexikon

  • Heroine — Heroīne, weiblicher Heros, Heldin …   Kleines Konversations-Lexikon

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